AISNE - Pas de vacances pour les environnementalistes de Ternois Environnement, au contraire des devoirs de vacances... La Nature n’attend pas !
Le dossier de l'ARF (ex-fours à chaux de Vendeuil) est, sans aucun doute, l'un des plus anciens contentieux écologiques du département encore en suspens. Il faut remonter au début du XXIe siècle pour se remémorer les premières escarmouches sur ce site.
Les fours à chaux de Vendeuil produisaient, comme leur raison sociale l'indiquait, de la chaux industrielle extraite et chauffée sur place. Au cours des années 90, le groupe belge Lhoist (aujourd'hui, l'un des premiers producteurs mondiaux de chaux) rachète le site et l'exploite quelques années durant, avant de s'en séparer et le vendre à ARF (Assainissement région Fourmies), une entreprise familiale devenue le groupe Flamme (nom éponyme du fondateur de la société). Flamme a un projet mirobolant. Les fours à chaux disposent d'une autorisation de co-incinérer (à un certain pourcentage) des déchets combustibles industriels "dangereux" pour brûler la chaux. Lhoist vend parce que la qualité de la chaux extraite sur place n'est plus suffisante. Le filon est épuisé sur place.
Le projet de Flamme est séduisant. Trop ? Zéro déchet ! Alentour, les riverains d'abord, puis les élus deviennent méfiants. Les contestataires se féd&erave;rent dans les cantons riverains (principalement Moy-de-l'Aisne, La Fère et Tergnier). Les associations écologiques ou environnementales s'en mêlent. A commencer par ALEP 02 qui se crée sur place (Travecy), alors qu'Aisne Environnement se montre, elle, plutôt conciliante sur ce dossier. Puis, plus tard, d'autres se joignent à cette lutte contre l'incinérat(u)eur, dont Ternois Environnement en 2005 et Picardie Nature.
Des manifestations sont organisées sur place et à la préfecture de Laon. Le dossier s'enlise. Il est créé une commission locale d'information et de surveillance (CLIS). Rien n'y fait ! Les préfets passent et le dossier demeure "chaud-bouillant". Des procédures, des procès, des condamnations et des appels avec des jugements contradictoires. Un feuilleton à la Dallas.
L'usine est-elle dangereuse ou pas ?
Aujourd'hui, où en est-on ? Le site fonctionne avec une autorisation préfectorale dérogatoire. Jusqu'à quand ?
Il y a quelques mois (22 novembre 2011), une bruyante explosion a été entendue et confirmée par l'industriel, mais en étant qualifiée de simple incident. Le maire de Vendeuil, Alex Lesbros, lors de la cérémonie des vœux, s'interrogeait : "Des permis d'aménager sont accordés par le préfet et des constructions sont réalisées à côté de l'endroit projeté. Nous pouvons nous interroger sur les petites sanctions promises par les services de l'Etat. Une autorisation temporaire d'exploiter a été délivrée par le préfet à la société ARF alors que celle-ci venait d'être condamnée par le tribunal de Douai. Que devons-nous en penser ? Une énorme volonté de l'Etat pour garder cette dangereuse usine."
Ternois Environnement demeure vigilant, voire s'impatiente un peu de cette inertie. Quitte à voir le site fonctionner, encore faudrait-il qu'il soit en totale conformité. Or, s'il fonctionne sous un régime dérogatoire, ça signifie juridiquement que tout n'est pas tout à fait en règle.
POUR LA PROTECTION D'UN PERIMETRE ELARGI
Pour Ternois Environnement, "cette situation exceptionnelle montre les limites des moyens de recevabilité et d’explorations dont dispose l’administration. Cela a débouché sur le non-renouvellement de la CLIS (Commission locale d’information et de surveillance). Un dialogue de sourds qui ne respecte même pas les instructions de l’époque données par le ministre Nelly Olin. Le challenge est de sauvegarder la santé des populations. Mais aussi de certifier la qualité du cheptel bovin comme témoin de la bonne santé sanitaire de tout ce territoire, et de la possible continuité d’une biodiversité historique. Le non-contrôle de cette chaîne alimentaire doit être rétabli dès cette année, de la façon dont on pratique dans des départements comme l’Ille-et-Vilaine ou la Loire depuis 2008. De même il est important que les résultats des analyses, contrôles et rapports annuels ou épisodiques soient transmis officiellement non seulement aux mairies du périmètre "officiel", mais aussi à celles d’un périmètre élargi aux communes importantes en population : Moy-de-l’Aisne, Brissy-Hamégicourt, Remigny, Liez, Mennessis, Tergnier et communes associées, Condren, Charmes et Danizy [Beautor, La Fère ?]. Cela pour démontrer que les pouvoirs publics ont éliminé le déni de Tchernobyl : en matière de pollution atmosphérique, ce n’est pas le périmètre administratif et cadastral qui prime mais l’importance des populations d’un périmètre plus élargi."
Responsabilité engagée ?
Ternois Environnement s’interroge : "On doit, également et à nouveau, se pencher sur l’improvisation dans le registre transports matière dangereuse (TMD) et d’un tourne à gauche (TAG)." Le concept d’un TAG doit permettre aux poids lourds venant de la direction de Saint-Quentin de couper la circulation en pleine ligne droite pour pénétrer dans le site industriel. Il avait été acté qu’il serait aménagé un TAG à hauteur de l’ARF sur la RD 1044 en 2006, mais il n’a toujours pas été réalisé ! Ternois Environnement de souligner : "Des responsabilités peuvent être engagées en cas d’accident sur ce carrefour qui de la RD 1044 mène au site ARF puisque la dangerosité TMD est connue et actée depuis 2006. A Vendeuil, quelle responsabilité pourrait être engagée en cas d’accident ? Celle du préfet, du maire, du conseil général ?" Pour avertir enfin : "Sans solution rapide, cela ne fait pas partie de notre activité, nous transmettrons aux associations de défense de la sécurité routière cette particularité bien singulière."
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